Faits divers

Au 19ème siècles

Un pyromane bien serviable…

Au cours du XIXᵉ siècle, la quiétude de la localité fut troublée par une série d’incendies étranges, parfois rapprochés, souvent sans cause apparente. Ces sinistres répétés éveillèrent rapidement la curiosité des habitants, puis l’inquiétude. Ce qui frappa les esprits, c’est qu’à chaque nouveau départ de feu, un certain menuisier du village, connu sous le nom de “Colas du S.”, se trouvait invariablement sur les lieux, et ce, dès les premières flammes.

Sa présence quasi systématique, sous des dehors de zèle ou de dévouement, finit par paraître pour le moins suspecte. Certains pensaient y voir un excès de servilité ; d'autres, un intérêt caché. Son comportement, jugé étrange et trop empressé, attira progressivement l’attention des autorités et de la population.

Les soupçons devinrent trop lourds pour être ignorés. Une enquête fut ouverte, et Colas, interrogé avec insistance, finit par avouer les faits : il était bien l’auteur des incendies. Mais loin d’agir par malveillance pure, il expliqua que ses motivations étaient… économiques. En déclenchant les incendies, il espérait se voir confier des travaux de réparation ou de reconstruction, et ainsi se garantir du travail dans une période marquée par l’instabilité et la précarité.

Traduit devant la Cour d’Assises de Mons, il fut condamné à plusieurs années de réclusion. Son avocat, dans une tentative désespérée de réduire la sentence, plaida l’irresponsabilité mentale de son client. Son argument était simple : un homme sain d’esprit n’aurait pu concevoir une telle stratégie. Il déclara même avec ironie :

« Ce ne peut être que l’œuvre d’un fou. C’est chose normale, n’est-ce pas ? »

Cet épisode, mêlant tragique et absurde, illustre à la fois la détresse sociale d’une époque et les limites de la raison humaine, dans une société où le besoin pouvait pousser certains à des actes insensés pour simplement survivre.