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Terre plastique


Le sous-sol de nos régions regorge de richesses minérales variées. On y trouve notamment des argiles, des sables, du grès, de la marne ainsi que du calcaire, qui composent un ensemble géologique diversifié et fertile pour diverses activités humaines.

Cependant, ce sont les gisements d’argiles plastiques, présents sur de vastes étendues, qui ont particulièrement marqué le développement industriel local. Ces argiles de haute qualité ont en effet favorisé l’essor d’une industrie spécialisée dans la fabrication de produits réfractaires, essentiels pour des usages variés tels que la construction, la poterie, et les matériaux isolants résistants à la chaleur.

Ces couches argileuses, que les géologues désignent sous les noms de « weldiennes » ou « bernissardiennes », tiennent leur appellation de la célèbre découverte des iguanodons à Bernissart, trouvés précisément dans ces mêmes dépôts. Ces formations sont des sédiments datant de l’époque jurassique, une période du secondaire caractérisée par une intense activité marine et terrestre, qui a permis la conservation exceptionnelle de ces vestiges fossiles.

Ainsi, le sous-sol de nos communes n’est pas seulement une ressource économique, mais également un témoignage précieux de l’histoire géologique et paléontologique de notre région.

Courrier de l'Escaut du 22 juillet 1898

Un ouvrier, du nom de Joseph Decroly, âgé de 24 ans, au service de M. Florimond Eloy, industriel, a été lundi dernier, dans la matinée, victime d'un grave accident. Le brave garçon, dont le travail consistait à remonter les terres plastiques au moyen d'un "bourriquet", a glissé si malheureusement qu'il est tombé dans le puits d'une profondeur de 46 pieds. En tombant, l'infortuné a encore eu la présence d'esprit de crier à son compagnon, occupé au fond du puits, de se garer. Le malheureux jeune homme a été ramené au jour dans un état lamentable. Le médecin conserve pourtant l'espoir de sauver la vie du blessé, qui est le soutien d'une mère veuve.

"Ouvrier de Trou à la Terre" (ouvié d'troo à l'ter) 1925-1950


De gauche à droite 1. Albert Boite, 2. Hector Facq, 4. Prudent Février

Dans la région de Sirault, Baudour, Villerot et Hautrage, l’extraction de la terre plastique s’effectuait principalement dans de vastes trous circulaires, mesurant entre 4 et 6 mètres de diamètre et pouvant atteindre jusqu’à 30 mètres de profondeur. Ces trous s’élargissaient souvent vers le bas, suivant la nature du sol. Pour descendre dans ces puits profonds, les ouvriers utilisaient un système rudimentaire mais efficace : ils posaient le pied dans un étrier fixé au bout d’une corde, que l’on faisait monter ou descendre à l’aide d’un bourriquet, une sorte de treuil actionné manuellement.

Le travail au fond nécessitait une série d’outils spécifiques, adaptés aux différentes étapes d’extraction et aux caractéristiques de la terre.

La pelle neuve

Cette pelle, neuve, pesait environ 2,4 kg. Elle servait à couper de gros blocs de terre, d’une largeur égale à deux largeurs de pelle. Pour faciliter la pénétration dans la terre, l’ouvrier appuyait avec un sabot ferré sur la pelle, tout en mouillant la terre avec de l’eau. Cette technique permettait d’obtenir des coupes nettes.

La pelle usée
Après environ deux ans d’utilisation, la pelle devenait usée mais restait utile, notamment pour préparer la première couronne, c’est-à-dire le pourtour du trou, une zone plus difficile à tailler. Une rigole circulaire était creusée et remplie d’eau, ce qui facilitait la coupe. On extrayait une bande d’environ 20 cm de haut, en suivant l’inclinaison naturelle des couches du sol, de la partie sud-ouest vers le nord-est, en enfonçant la pelle à 20 cm du bord et en tirant le manche pour détacher les blocs. Le travail se répétait, tranche après tranche, en veillant à ne pas mélanger les différentes qualités de terre.

Note importante : Ces pelles, marquées « RH », étaient fabriquées avec deux plaques d’acier chauffées et battues sur une enclume, par un maréchal-ferrant du nom de Henri, établi à Hautrage. Les manches, en bois de frêne, étaient façonnés par un charron local, Georges Foucart, installé rue Rosier à Sirault. La poignée, appelée « crocheton », était solidement emboîtée, garantissant une bonne durabilité. Les sabots, en peuplier ou bouleau, étaient faits sur mesure par Valère Lhoir, sabotier à Sirault.

Le crocheton

C’est la poignée en frêne de la pelle, munie d’une mortaise permettant d’emboîter solidement le manche.

Le sabot ferré
Pesant 2,1 kg, ce sabot servait à appuyer fermement sur la pelle pour faire pénétrer la lame dans la terre sans endommager l’outil. Un autre sabot, non ferré, assurait l’équilibre et empêchait de glisser.

La pioche
Utilisée lorsque la terre était moins collante et plus maigre, elle permettait de détacher la terre lorsque la coupe en bloc n’était plus possible.

Le picron
Cet outil servait à piquer et charger les blocs de terre (« ruk ») dans une cuvelle. Une fois la cuvelle remplie (environ 50 kg), elle était remontée à la surface grâce au bourriquet, généralement actionné à la main par un ou deux ouvriers restés en surface.

L’escoupe petite
Elle permettait de charger les petits blocs de terre et de nettoyer soigneusement le fond du trou avant d’attaquer une nouvelle tranche. Ces escoupes provenaient de Basècles.

L’escoupe grande
Plus volumineuse, elle servait à charger la terre déjà séchée dans les hangars appelés « kari ». Son manche, en saule ou bouleau rouge, avait une forme spécifique, façonnée par les ouvriers eux-mêmes, qui choisissaient et préparaient le bois en hiver pour l’utiliser l’année suivante.

Le courbet
Cet outil servait à amincir la base des longues perches en charme ou frêne, de 7 à 10 mètres, utilisées pour soutenir les parois du puits. Ces perches étaient cintrées sur un chipeau, un gros poteau horizontal, afin de bien épouser la forme du trou et empêcher les éboulements. Plusieurs perches étaient nécessaires pour faire un cercle complet, chacune se chevauchant sur un tiers de sa longueur pour assurer une pression uniforme. Les cercles étaient posés au fur et à mesure de l’approfondissement du trou, et récupérés avant de reboucher la partie creusée. Chaque cercle pouvait être réutilisé jusqu’à trois fois.

Note finale : Le courbet, marqué « TF », fut fabriqué par Théodule Fievez, maréchal-ferrant installé à Sirault, rue Blondiau.


Texte de J-M. CAULIER, de Sirault

Théodore Queneene et Léon Delhaute,
"coupeurs" trous à la terre.

Léon Delhaute, "coupeur" trous à la terre.

Les exploitations de terres réfractaires s’étendaient sur plusieurs sites aux noms évocateurs et pittoresques, tels que « au Moulin », « au Japon », « au Ranswal » ou encore « au Bois de Savoie ». L’appellation « Moulin » tire son origine d’une particularité locale : Monsieur J. Deroubaix père possédait en effet, dans un hangar de son exploitation, un moulin destiné à broyer la terre réfractaire. Ce moulin fonctionnait grâce à une locomobile actionnée à la vapeur, un procédé innovant pour l’époque.

Les produits extraits de ces terres étaient principalement destinés aux usines réfractaires de la région ainsi qu’à celles du nord de la France, où ils servaient à la fabrication de matériaux résistants à la chaleur. En 1911, une importante commande permit d’exporter une grande quantité de ce matériau : des tonneaux en bois remplis de cette terre furent expédiés jusqu’à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, témoignant de la portée internationale de cette activité locale.

À proximité de l’ancien charbonnage de Sirault, au lieu-dit « Bruyères Percheuses », se trouvait un autre site d’extraction. Là, on extrayait principalement des terres dites « courtes », d’une nature plutôt sèche. Ces terres étaient extraites en grande partie à la pioche, par des ouvriers spécialisés surnommés les « coupeurs ». Ils travaillaient au fond de puits pouvant atteindre parfois plus de 30 mètres de profondeur, dans des conditions extrêmement difficiles.

Ces travailleurs, exposés à des risques constants liés à l’insécurité et à l’insalubrité, menaient un métier dangereux et éprouvant, loin des regards. Leur courage et leur endurance témoignent de la dure réalité des industries souterraines de l’époque.

Courrier de l'Escaut du 11 juin 1900

Un ouvrier du nom de Descamps vient d'être victime d'un accident. Descamps, qui travaillait au fond d'un puits à terre plastique, a reçu sur le dos une cuvette en bois d'un poids assez lour qui sert à remonter le dit produit. Le docteur Pélerin, de Sirault, arriva peu après sur le théâtre de l'accident et donna ses soins au blessé, dont les jours ne sont heureusement pas en danger.

Sirault Neufmaison Villerot

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